L’atmosphère du Festival au jour le jour en scène, en coulisse…

JOUR 5

MERCREDI, 1er NOVEMBRE 2017

Y’EST OÙ LE PARADIS?

En début de soirée était projeté le film Y’est où le paradis? accompagné d’une bonne délégation de ses artisans. La comédienne Marine Johnson, le scénariste Bertrand Lachance et le réalisateur Denis Langlois. Ce dernier a expliqué aux spectateurs à quel point ils sont super contents d’être ici ce soir : « C’est la première québécoise. C’était important pour nous que ce soit à Rouyn-Noranda que ça se passe. Parce que le film est inspiré beaucoup par l’Abitibi-Témiscamingue. C’est aussi un film qui m’a rattrapé au détour en début d’année. Vous avez lu le synopsis, vous savez de quoi ça parle… Et moi ma mère est décédée… [essayant de retenir des larmes] ça fait déjà des mois, mais ça me touche toujours. Je veux lui dédier cette projection. Ma mère était assez flyée. La dernière fois que j’étais en Abitibi, c’était pour mon premier court métrage. Elle m’a fait la surprise d’être ici. Parce que toutes les mères sont fières de leurs enfants. Alors, je veux dédier ce film à ma mère et à toutes les mères », a conclu Denis Langlois avec beaucoup d’émotion.

JOUR 6

JEUDI, 2 NOVEMBRE 2017

UN MOMENT MAGIQUE DANS LES « BAGAGES » DU 36e FESTIVAL

C’est déjà le dernier souper du Festival et Cédric Poirier, responsable des partenariats et des activités, se réjouit d’avoir pu assister en personne à un des moments les plus merveilleux de cette 36e édition. « Ça se passait lundi matin à l’École D’Iberville (niveau secondaire) à Rouyn-Noranda où une projection spéciale du documentaire Bagages avait lieu en compagnie des adolescents qu’on voit dans le court métrage, explique Cédric Poirier. Des élèves de l’École catholique Jean-Vanier (Kirkland Lake, Ontario) et de la Noranda School (Rouyn-Noranda) étaient présents aussi. Après la projection du film [qui décrit avec justesse le choc culturel que vivent des jeunes nouvellement arrivés au Québec], il y a une période d’échange entre les étudiants d’ici et ceux qu’on voit dans le film. Puis, ils se sont étreints tous ensemble. Ils continuaient à se parler, sans carapace, à visière baissé. Le câlin a duré 5 ou 10 minutes. Nous, les adultes, nous les avons laissés vivre ce moment pleinement de leur côté. » Un autre instant magique dans les « bagages » de cette 36e édition.

LE FESTIVAL « DEBOUT » EN BOUT

Pour sa 36e édition, le Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue à Rouyn-Noranda a fait preuve d’une belle vitalité. Il a réussi à programmer un florilège de tous les genres cinématographiques, ce qui a attiré plus que jamais des publics très différents :

allant des jeunes sportifs soucieux d’atteindre un jour la plus grosse ligue comme les vedettes du film d’ouverture Junior Majeur, public en grande forme pour saluer debout une oeuvre tournée en partie à Rouyn-Noranda;

aux parents et enseignants désireux de voir traiter sur l’écran les problèmes de scolarisation périlleuse en milieu urbain difficile avec Les grands esprits  du réalisateur Olivier Ayache-Vidal qui était de retour au Festival pour présenter son long métrage en compagnie de l’acteur François Petit-Perrin et d’Armand Lafond de chez Axia Films;

en passant par les passionnés de la caméra, enthousiasmés par le magnifique documentaire Labrecque, une caméra pour la mémoire réalisé par Michel La Veaux sur le grand cinéaste Jean-Claude Labrecque faisant revivre trente ans de cinéma;

tout en abordant des thèmes plus personnels comme celui des enfants abandonnés à la naissance dans un film à petit budget intitulé Tadoussac ou encore la relation troublante entre une jeune femme non croyante attirée par le charme d’un jeune prêtre dans La confession;

sans oublier deux oeuvres originales belges : Many Heavens qui valut au réalisateur trois minutes d’ovation debout et Une famille syrienne traitant des malheurs actuels d’un pays dévasté par la guerre;

avant de terminer par la touche nostalgique québécoise avec le film tiré du premier livre de Félix Leclerc Pieds nus dans l’aube par son fils Francis qui mérita bien lui aussi l’ovation debout saluant son travail et la prestation de Roy Dupuis présent pour la 5e fois au Festival.

Enfin, chacun attendait le film de clôture Hochelaga, Terre des âmes du Québécois François Girard, fresque historique réalisée pour le 375e de Montréal, choisi pour représenter le pays en 2018 dans la course à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, et qui le mérite pour la manière originale d’aborder le partage d’une même terre par des peuples différents. Un tel film ne se raconte pas, il se voit, vous imprègne et ne vous lâche pas jusqu’au bout.

François Girard, qui produit peu, mais réfléchit longtemps, a su traiter son sujet avec une nouveauté et une maîtrise qui lui ont valu une ovation debout, les festivaliers concluant cette 36e édition dans la même posture qu’au départ. Une édition aux nombreuses ovations debout, de bout en bout.

L’HISTOIRE EN AVANT PLAN

C’est encore une fois avec une ovation debout que les festivaliers ont manifesté leur grande appréciation du film de fermeture Hochelaga, Terre des âmes. « C’est un peu émouvant », a confié Samian à l’animateur Martin Guérin sur la scène alors qu’on se préparait à une période de questions avec les spectateurs. « Juste le fait de présenter ce film à ma famille, c’est très touchant. J’avais hâte. Il y a eu des belles premières, des grandes premières à Montréal, à Toronto aussi, mais l’Abitibi pour moi ça reste mon coin de pays, c’est d’ici que je viens et puis je suis très très très fier… », a poursuivi Samian interrompu par des applaudissements.

Ce sont des historiens qui posèrent les premières questions de la salle : « Dorénavant, j’aurai vraiment un film contemporain à présenter à mes étudiants », s’est réjoui l’un d’entre-eux. Une membre de la famille de Samian a pris la parole pour dire à quel point « on est fier de toi », touchant droit au coeur l’acteur de la Première Nation Abitibiwinni.

L’acteur Gilles Renaud a aussi pris la parole sur scène : « Ça été un grand bonheur de tourner dans ce film. J’ai appris tellement de choses sur ce tournage. J’ai eu autant de plaisir que vous de le revoir; c’est un film extraordinaire. Je peux en parler parce que mon rôle n’est pas très important, mais assez pour qu’on m’invite au Festival pour la 6e fois. », a plaisanté le comédien sous les rires et les applaudissements de la salle.

Enfin, avant d’aller célébrer dans le foyer du Théâtre du cuivre, on a donné le mot de la fin à Samian : « Ce que je trouve intéressant c’est que les historiens se sont levés pour commenter, pour poser des questions, on souhaite réellement que ce film fasse le tour des écoles secondaires, des cégeps, des universités, je pense qu’il y a un côté pédagogique à tout ça. Savoir d’où on vient pour savoir où on va, François a très bien réussi », a conclu Samian.

UNE PRÉSENTATION FORTE EN ÉMOTION

Immédiatement après la prestation de danse et chant traditionnels, le réalisateur François Girard, le producteur Roger Frappier, ainsi que les comédiens Samian, Wahiakeron Gilbert et Gilles Renaud sont montés sur scène. « C’est difficile de parler après une telle manifestation avec des costumes incroyables », a expliqué Roger Frappier d’entrée de jeu. « On est vraiment content d’être ici ce soir pour vous présenter Hochelaga, Terre des âmes en avant-première; le film va sortir uniquement le 19 janvier 2018. Moi, particulièrement, je suis vraiment ému d’être ici. La première fois que je suis venu à Rouyn-Noranda, c’était avec André Melançon. Ça fait presque 36 ans que je viens ici de façon sporadique. C’est toujours un festival qui nous tient énormément à coeur. »

Le réalisateur François Girard a par la suite pris la parole : « Je suis très content d’être ici. Contrairement à Roger et la plupart, c’est la première fois que je viens au festival de Rouyn-Noranda. Au moment de présenter le film ici, j’ai une pensée toute particulière pour quelqu’un qui a travaillé sur le film qui est de la région. C’est la grande tante de Samian qui était l’entraîneuse pour les dialogues en algonquin. Elle a joué un rôle très important d’inspiration pour les acteurs. Elle a lutté pour sa vie tout récemment. Elle va un peu mieux, mais elle est encore dans une très difficile convalescence. Je lui dédie le visionnement de ce soir, en espérant que tout le monde ici dans la pièce peut lui redonner la force de retrouver la santé et la force de vivre », a conclu François Girard avant de céder la parole à Samian.

« Je suis déjà monté sur cette scène en tant que chanteur, mais en tant qu’acteur, c’est la toute première fois », a souligné Samian. « Je suis super ému ce soir. On l’a vu plusieurs fois évidemment, mais de le présenter devant les miens. Je vois tellement de visages de Pikogan… Ma mère, ma grand-mère sont ici ce soir. J’ai le privilège de présenter le travail de François devant ma famille, devant des amis aussi. Hochelaga, Terre des âmes c’est une fiction qui frôle tellement la réalité et j’ai vraiment hâte d’avoir l’opinion de tout le monde. On a beaucoup parlé de réconciliation suite à la première montréalaise, mais en même temps c’est pas quelque chose de forcé, c’est quelque chose que vous allez vivre en regardant ce magnifique poème et en sortant d’ici avec probablement un autre point de vue, un regard différent des uns, des autres, chez les premières nations et chez les Québécois », a souhaité Samian avant de laisser toute la place au long métrage.

ROUYN-NORANDA, THÉÂTRE DES ÂMES SINCÈRES

Avant la présentation du film de fermeture Hochelaga, Terre des âmes, une surprise émut les spectateurs. Les lumières éteintes dans la salle, ce ne fut pas le long métrage qui fut d’abord projeté à l’écran, mais des images du territoire, alors que dans la salle et sur la scène, trois danseurs issus des premiers peuples interprétèrent danse et chant traditionnels avec des maquillages et des costumes invraisemblables, mais saisissants par l’effet produit.

Même l’animatrice Mélanie Nadeau, se retrouvant à quelques centimètres d’un des danseurs, avait peine à retenir son émotion à la fin de cette représentation tellement significative, qui rappelait qu’on est en territoire Anishnabe, que cette terre s’étend de Montréal à l’Abitibi-Témiscamingue, et qu’il y existe une diversité culturelle. D’ailleurs, deux des danseurs font partie de la distribution du long métrage :  Jerry Hunter joue le Chef de clan et Jeffrey Papatie y personnifie un des éclaireurs Iroquoïens. Une expérience spirituelle d’une grande symbolique installant une atmosphère propice à la présentation du film.

TOUT LE MONDE EST GAGNÉ PAR L’ÉMOTION

« Je n’étais jamais venu en Abitibi-Témiscamingue, mais on entendait souvent parler de ce festival », explique pendant le dernier souper un Montréalais passionné de cinéma qui en est à sa deuxième visite au Festival avec son épouse et un couple d’amis, eux aussi venant de Montréal. « J’ai tout vu depuis lundi et ce qui me frappe, c’est à quel point tous les réalisateurs qui viennent nous présenter leur film sont émotifs; ils y ont mis leurs tripes. »

En effet, tout au long du Festival, on aura rarement vu autant de festivaliers et de réalisateurs avec les yeux mouillés. Même l’animatrice du Festival Mélanie Nadeau a été émue plus d’une fois. Alors qu’elle termine pendant le repas de présenter les invités accompagnant le film de fermeture et que Jacques Matte se précipite au micro pour remercier l’animatrice du Festival, elle est loin de se douter qu’elle est à moins de trois heures de vivre, au plus près, une expérience mystique hors du commun.

PRIX TÉLÉBEC / court ou moyen métrage

À quelques heures de la fin du Festival, c’est avec plusieurs heures de sommeil en moins que les trois membres du jury du Prix Télébec (récompensant le meilleur court ou moyen métrage) se retrouvent au repas du midi au Bistro Paramount. Luc Drolet (comédien), Stéphanie Lavoie (comédienne) et Jessica Lesage (réalisatrice) ont à juger 29 films.

Pour Luc Drolet, ce qui caractérise le Festival c’est : « La proximité qu’on peut avoir avec les gens de l’industrie. On peut se retrouver assis à côté de l’actrice Geneviève Brouillette [présente cette année pour La psychologie des planètes] ou du producteur Rock Demers [présent cette année comme membre du jury du Prix Communications et société en compagnie de Louis Artiges (étudiant en cinéma) et Dominique Gagné (ancienne enseignante de philosophie)]. »

De son côté, Stéphanie Lavoie dit que : « Le Festival a eu une empreinte sur moi. J’ai 35 ans 1/2 et l’événement qui existe depuis 36 ans m’a rendue cinéphile. Il a créé plusieurs générations ouverts au cinéma d’ailleurs : on a accès au répertoire international ici même. »

Jessica Lesage abonde dans le même sens : « Oui. C’est la diversité. On a la possibilité de voir plein de films. Ça fait du bien. On en mange du cinéma grâce au Festival. »

POURQUOI CE FESTIVAL EST LE PLUS SYMPATHIQUE AU MONDE

ou

DES MOMENTS SYMPAS RÉVÉLATEURS

DES CINÉPHILES AUTHENTIQUES

Mercredi soir, entendant la chanson de Richard Desjardins Quand j’aime une fois j’aime pour toujours au générique final du court métrage L’odeur après la pluie, de nombreux spectateurs se sont mis à chanter la chanson dans la salle du Théâtre du cuivre.

Ainsi, pendant la projection des films, à tout moment on peut entendre des rires, des pleurs, des commentaires cocasses ou d’autres réactions du public. Ça fait partie de l’expérience unique qu’on vit dans ce Festival où les spectateurs sont d’une sincérité toujours surprenante.

CONTENT D’ÊTRE ICI

Roger Beaulieu, conducteur pour le Festival depuis des années, est toujours aux premières loges pour avoir les impressions des invités de l’événement et confirme : « Ils sont tellement heureux d’être ici. Ils voudraient revenir chaque année. »

LA CAMARADERIE S’INSTALLE VITE

À peine était-il arrivé à Rouyn-Noranda pour la présentation de Hochelaga, terre des âmes ce soir lors de la soirée de fermeture, que l’acteur Gilles Renaud était déjà en mode taquinerie avec le personnel du Festival. En effet, celui qui en est à sa 6e visite au Festival s’est s’amusé à répondre au téléphone à la place du conducteur bénévole qui le ramenait de l’aéroport où il venait d’arriver pour déconcerter Josée Buisson (du comité d’accueil du Festival) : « Mais qui parle? », demande Josée Buisson s’attendant à parler au conducteur. « C’est Gilles Renaud! », répond tout bonnement celui qui se sent déjà en famille.

DE NEW CARLISLE EN TRAIN ET EN AUTOBUS

Louis Dallaire, vice-président du Festival, se fait aborder par un client au dépanneur du coin qui lui dit : « Félicitations pour votre festival. Imaginez. J’ai rencontré quelqu’un qui vient de New-Carlisle, en Gaspésie. Il a fait tout le trajet en train jusqu’à Senneterre, puis en autobus jusqu’à Rouyn-Noranda. Puis après le Festival, il refait le trajet contraire. Toujours en autobus et en train. » Il y a des cinéphiles qui n’ont pas peur des longues expéditions pour venir au Festival. Mais pour voir le plus sympathique au monde, ça vaut le détour.

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