JOUR 3
LUNDI, 29 OCTOBRE 2018
YELLOWKNIFE VEUT TOUT SAVOIR
DE LA RECETTE À SUCCÈS DE ROUYN-NORANDA
Rachelle Francoeur est originaire de la région. Elle a passé son enfance à Amos, son adolescence à Val-d’Or et a fait ses études au CÉGEP de Rouyn-Noranda avant de quitter pour Montréal en 1995. Finalement, la vie l’a amenée à Yellowknife où elle réside depuis 10 ans. Cette ville minière, comme tant d’autres, cherche désespérément à diversifier son économie. Cette ville exotique cherche à attirer des touristes. Pour ce faire, elle mise évidemment sur l’art, la culture.
Madame Francoeur oeuvre dans le domaine cinématographique dans la capitale des Territoires du Nord-Ouest et cherche à créer des liens avec d’autres villes. Elle veut trouver des pratiques gagnantes. Un jour, elle voit un message sur Facebook de Danny Lennon de Prends ça court! qui fait un lien vers une entrevue d’Émilie Villeneuve, directrice générale du Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue. Quelle surprise! Et si la formule gagnante venait de Rouyn-Noranda?
Bien sûr, elle connaissait le Festival, mais n’y avait jamais assisté quand elle habitait la région. Parlant français, connaissant l’Abitibi-Témiscamingue, elle est la personne idéale pour une mission exploratoire. Elle achète un forfait pour être présente à l’ensemble de l’événement et faire rapport à pas moins de quatre organisations : le festival Dead North, le Festival de film international de Yellowknife, la NWT Film commission et le NWT PMA (l’Association professionnelle des médias des Territoires du Nord-Ouest). Après seulement deux jours, son constat est indéniable : « Je n’en reviens pas. La solution était ici, dans ma région d’origine. Pas à Toronto, pas à Vancouver, pas à Montréal… mais bel et bien à Rouyn-Noranda. Je n’arrête pas de rencontrer des gens [dont Danny Lennon, encore présent cette année] qui ont la générosité de me dévoiler la recette gagnante de la réussite. Chaque soir, quand je rentre à l’hôtel, je me dépêche à coucher sur papier mes découvertes. Ce forfait, quel bon investissement. Il faut que je revienne avec ma gang l’an prochain », projette avec enthousiasme Rachelle Francoeur.
Des histoires similaires à la sienne sont entendus à chaque édition du Festival. Malgré tout, certains demeurent sceptiques. « C’est impossible. Ils doivent exagérer. C’est de l’enflure verbale. » Eh bien, ceux qui n’ont jamais eu la chance d’assister à l’événement n’ont qu’à le faire. Ils seront, à leur tour, confondus.
DES DÉTAILS INSPIRANTS DE YELLOWKNIFE À SAINT-JEAN-DE-LUZ
Patrick Fabre, du Festival international du film de Saint-Jean-de-Luz, est très inspiré par ce qu’il voit au Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue. Il ne regrette pas d’être venu et va repartir avec de bonnes idées. « Je trouve plein de petits détails. Par exemple, ce qui est projeté sur l’écran avant le début des projections. Nous, on projette des photos, mais ici, c’est de l’information. C’est évident que c’est ça qu’il faut faire. C’est con. On n’y avait pas pensé. »
Puis, il aime particulièrement les présentations des personnalités présentes lors des repas. « Ça montre que le film ne voyage pas seul. » Il entend bien en parler à ses collègues et pour joindre l’image à la parole, il prend son téléphone mobile lors d’un repas pour filmer l’animatrice Mélanie Nadeau en pleine action. « Ils vont voir comment c’est quand c’est bien fait. »
ON DÉCOUVRE LE FESTIVAL, ET ON Y REVIENT
Liliane Gendreau, de la région de l’Outaouais, explique sa présence, avec son mari, au Festival pour une deuxième année consécutive : « Depuis longtemps, on entendait parler du Festival dans les médias, par Francine Grimaldi, entre autres, mais on avait toujours des activités qui nous empêchaient de venir. Je me suis juré qu’une fois à la retraite, on viendrait. Ce fut l’an passé. Cette année, on a pris un forfait de seulement trois jours parce qu’on a des obligations. C’est dommage. On aurait bien aimé rester plus longtemps. » Ça sera peut-être pour l’an prochain.
EN SPECTATEUR, DU DÉBUT À LA FIN, POUR EN PROFITER INTÉGRALEMENT
Le journaliste Frédéric Nicoloff est venu plusieurs fois couvrir le Festival dans le cadre de son travail. Regrettant à chaque fois de ne pouvoir profiter pleinement de l’événement, il s’était promis de revenir en spectateur. Eh bien, c’est cette année qu’il a la chance de réaliser son projet de séjour. Et quel séjour! Il sera là avec son épouse du début à la fin. Assurément, le Festival est toujours aussi pertinent, percutant et divertissant.
DU JAMAIS VU AVEC L’ATYPIQUE HAPPY FACE
« En 37 ans, je n’ai pas souvenir d’avoir vu une aussi longue démonstration d’affection suite à la projection d’un film », rapporte Guy Parent, cofondateur du Festival, suite à la présentation en soirée du long métrage mettant en scène des personnes ayant des différences faciales et qui ont manqué beaucoup d’amour au cours de leur vie. « Pendant le film, dans la salle, les gens étaient attentifs, mais on sentait des vibrations », raconte Guy Parent.
Maintenant, comment le tout s’est exprimé à la fin? Ce fut une ovation nourrie de plusieurs minutes pour le réalisateur Alexandre Franchi, l’acteur Robin L’Houmeau, la comédienne Cindy Nicholsen et le comédien Keith Widgington. Ne sachant pas trop comment réagir à ce déferlement d’amour et de félicitations, ils ont quitté la salle sous les applaudissements pour se retrouver dans le foyer du Théâtre du cuivre où les comédiens reçurent de nombreuses accolades plus chaleureuses qu’habituellement.
L’animatrice Mélanie Nadeau confirme : « Habituellement, les spectateurs ont quand même une certaine réserve quand ils félicitent les acteurs. Mais là, ce qu’on a vu, c’est des festivaliers qui enlaçaient longuement et fortement les comédiens. C’était extraordinaire. »
« Nous avons certaine vécu un grand moment qui marquera ce 37e Festival », souligne Jacques Matte président et cofondateur de l’événement, avant de poursuivre. « Robin L’Houmeau est un acteur très prometteur, une véritable révélation. Nous avons pu voir, après la projection, la fierté des gens de la région de voir un jeune de chez nous faire ses premiers pas, et certainement pas ses derniers, dans le milieu du cinéma. »
WOLFE : LE CRI DU COEUR D’UNE GÉNÉRATION
Pour présenter le long métrage WOLFE en après-midi au Théâtre du cuivre, Carole Labrie de TVA Films a d’abord pris la parole : « Merci aux organisateurs du Festival pour avoir invité le film Wolfe à être présenté ici, aujourd’hui. C’est ma première fois à Rouyn-Noranda est c’est tout à fait agréable. Merci à tous les bénévoles qui travaillent ardemment pour rendre ce festival très agréable pour nous tous », a souligné Madame Labrie avant de céder le micro au réalisateur et scénariste Francis Bordeleau.
« À force de dire qu’on est des géants et qu’on est spécial, on finit par être remarquable ou détraqué. Ces mots, vous allez les entendre dans le film, témoignent de l’unicité de l’oeuvre. Ce n’est pas Francis Bordeleau qui présente ce film. C’est une équipe incroyable qui a mis à l’écran un vomis qu’on doit prendre comme un cri du coeur d’une génération qu’on connaît. Il n’y a rien qui a été inventé ou mis en scène dans une allure artistique. C’est tout vécu. On est donc très fier et très serein de vous présenter ce qu’on a ici », a conclu Francis Bordeleau pour laisser parler les images parfois difficiles à regarder de son film, mais qui a suscité chez les spectateurs beaucoup de réflexion. Assurément, un film coup-de-poing criant de vérité.
Texte : Alain Aylwin
Photo : Louis Jalbert
Vidéo : Tim de Bouville