Dès 8 h 06, immédiatement après le bulletin de nouvelles nationales, Franco Nuevo veut savoir ce qui se passe à Rouyn-Noranda et interroge en direct pour son émission Dessine-moi un dimanche le critique de cinéma Martin Bilodeau. D’abord, il veut savoir le temps qu’il fait. Le rédacteur en chef de Médiafilm confirme qu’il a fait un temps splendide la veille mais que pour toute la journée, comme ailleurs au Québec, on prévoit de la pluie.
Puis il souligne que Jean-Marc Vallée est présent ici depuis jeudi : « Il est la vedette, la mascotte de cette édition du Festival. D’ailleurs, la réalisatrice Marie-Julie Dallaire est ici ce matin pour présenter en surprise un film sur l’effet dopant de la musique sur le cerveau humain. Un film produit par Jean-Marc Vallée. Donc, Jean-Marc Vallée sera à 9 h ce matin [au Cinéma Paramount de Rouyn-Noranda] et après, il est l’invité du traditionnel Brunch-conférence du Festival. C’est généralement un moment très, très, très amusant », conclut Martin Bilodeau. Pour sa part, Franco Nuevo conclut en signalant que Martin Bilodeau donnera lui aussi une conférence dans le cadre du Festival lundi matin sur le métier de critique de cinéma. « Je ne pense pas pouvoir assister à votre conférence, mais je suis très curieux de savoir ce que vous allez y dire », lance l’animateur. « Moi aussi », plaisante Martin Bilodeau.
Ainsi, malgré la pluie, le rayonnement médiatique du Festival se poursuit d’un océan à l’autre.
Il valait, à lui seul, le déplacement et plusieurs sont venus de très loin pour voir Jean-Marc Vallée à Rouyn-Noranda lors du Brunch-conférence du Festival ce dimanche matin. L’événement avait beau se dérouler devant une assistance record, dès le départ Jean-Marc Vallée nous a captivés au point qu’on oubliait la présence des autres. « C’était comme s’il me parlait à moi, que j’étais seul avec lui », raconte un spectateur.* Il a fait jouer sa musique, Neil Young, pour mettre de l’ambiance : la vaste salle du Centre de congrès de Rouyn-Noranda s’est transformée en salon intime.
L’animateur Martin Guérin n’avait pratiquement pas besoin de poser ses questions, Jean-Marc Vallée les devançaient dans de longues et généreuses réponses souvent très personnelles. Entre autres, il a expliqué ce qui l’avait amené à faire du cinéma alors qu’il étudiait au Cégep Ahuntsic en Technique administrative à cause d’un orienteur qui le lui avait suggéré puisqu’il avait toujours été bon en mathématique. Donc, première année au Cégep, il avait 20 ans à l’époque, il n’aimait pas vraiment ça. Puis, un jour, par pure paresse, il décide de prendre un cours dit facile : Cinéma et société. Il assiste au premier cours. Le professeur se met à parler. Il s’appelait Yves Lever. Au bout de 15 minutes, la cloche sonne. En fait, ça ne faisait pas 15 minutes. Trois heures s’étaient passées. C’était la première fois qu’il écoutait un prof comme ça. Il avait été subjugué par la passion de ce professeur qui a changé sa vie : sa passion pour le cinéma est née là.
Tout au long de sa conférence, Jean-Marc Vallée continuera à nous parler de sa passion, et de son cheminement : son passage au Festival en 1998; l’intégration de la musique dans sa création; ses rapports avec les acteurs; le temps qu’on perd à cause des problèmes d’éclairage. Il nous donnera des détails techniques nous permettant de mieux apprécier son cinéma et celui des autres. Prenant exemples sur des films présentés au Festival : celui d’Almodovar, celui de Micheline Lanctôt… D’ailleurs, un cinéphile expliquait suite à sa conférence : « J’ai déjà vu trois fois son film Dallas Buyers Club. Je veux le revoir encore. Je vais y porter un regard nouveau. » Aussi, Jean-Marc Vallée s’attardera longuement à critiquer certains de ses films. Y compris un des plus grands succès du cinéma québécois : C.R.A.Z.Y.
Jean-Marc Vallée nous aura fait rire. Il nous aura fait pleurer. Au bout de cinq minutes de conférence, en réalité, 54 minutes s’étaient passées. Reprenant conscience de notre entourage, on pouvait voir ceux qui voulaient se faire prendre en photo avec Jean-Marc Vallée. Certains cherchaient désespérément un stylo pour être sûr de ne pas rater l’occasion d’avoir une dédicace du cinéaste. Puis, il y en avait d’autres qui quittaient la salle précipitamment, trop émus de s’être retrouvés en présence de cet homme qui avait changé le cours de leur vie par ses films. Cependant, nous étions tous unanimes pour dire que Jean-Marc Vallée portait un regard beaucoup trop sévère sur son oeuvre cinématographique et nous savions tous pourquoi il est considéré un génie.
Danny Lennon, distributeur présent à l’Espace court du Festival, est heureux de constater que Jean-Marc Vallée laisse de côté ses projets aux États-Unis pour revenir à ce format pour finalement terminer sa trilogie inachevée depuis tant d’années. Il faut dire que Jean-Marc Vallée avait débuté sa carrière dans le court métrage et qu’il conserve de toute évidence un profond respect pour ce type de film. Tout comme le Festival d’ailleurs qui reçoit souvent des félicitations de réalisateurs de courts métrages qui n’obtiennent pas le même traitement dans plusieurs autres festivals où on regarde parfois de haut les artisans du court métrage.
Si Jean-Marc Vallée prépare un retour aux sources en réalisant à nouveau un court métrage, pour son fils, lui, c’est une première. En effet, Alex Vallée, est lui aussi présent cette année au Festival où il a participé à LA WATCH – TALENT LAB NORDIQUE, mais surtout où il a présenté à l’Espace court son tout premier court métrage Ainsi soit-elle. Ainsi soit le fils.
Diwan accompagnée de la coordonnatrice à la distribution chez K-Films Amérique Émilie Guillemain ont présenté en première nord-américaine Mais vous êtes fous.
Prenant la parole, Audrey Diwan a partagé ses sentiments : « C’est mon premier film et c’est la première fois que je le montre hors de France. En étant ici, en ayant la chance de le montrer ailleurs qu’en France, je réalise le chemin parcouru. Puis, surtout, je suis arrivée hier et vous êtes… cool. Il y a toute votre classe politique qui parle… la ministre de la Culture, elle est cool; vos députés font des blagues… Enfin, on me dit souvent que les Parisiens ne sont pas sympas et généralement je les défends, mais là, je vais rentrer et je vais devoir dire à mes compatriotes que vous êtes plus cool que nous », admet à la blague Audrey Diwan sous les rires et les applaudissements de la salle.
L’acteur français Damien Bonnard avait adoré son séjour au Festival l’an passé alors qu’il avait choisi de vivre en Abitibi-Témiscamingue quelque chose de spécial avec le film En liberté qui clôturait la 37e édition. Sans regret, il est donc heureux d’être de retour cette fois pour le long métrage Les misérables. Sur scène ce dimanche soir, il était accompagné de Carole Labrie de TVA Films : « Merci au Festival d’avoir invité Les misérables à être présenté ici en première québécoise. Il faut vous dire aussi que le film Les misérables a été choisi par la France pour représenter le pays pour les Oscars en février prochain » souligne Carole Labrie interrompue par des exclamations de joie et des applaudissements spontanés de la part des spectateurs très enthousiastes.
Prenant à son tour la parole, l’acteur Damien Bonnard s’est dit heureux d’être de retour cette année et « de pouvoir vieillir ensemble » dans cette ambiance spéciale du Festival. Il a été touché par le documentaire de cet après-midi Le dernier Nataq de Lisette Marcotte qui permet de découvrir la région et Richard Desjardins. Du coup, il y a vu des correspondances avec le film qu’il présente ce soir. « En fait, parlant de ce Festival qui a 38 ans, j’ai l’impression que c’est un endroit qui permet de s’évader. Des endroits comme ça c’est important. Il y a plein d’endroits dans le monde où si on n’a pas ça pour régler et imaginer des choses, nos horizons sont réduits. Le film de ce soir parle de ça. »
Puis, s’inspirant d’une citation de Victor Hugo, l’acteur conclut qu’il y a des moments dans la vie où les résistances sont importantes, par la parole ou par la création. « C’est ce que fait votre ville. C’est ce que fait votre Festival. J’espère que c’est ce que nous avons réussi à faire avec ce film. »
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